ATELIER CHANGEMENT CLIMATIQUE ENPC
Premier
semestre 2008-2009
La question du changement climatique en
2008
L’année 2008 a été très
riche en évènements climatiques préoccupants, comme les années précédentes
depuis 2000. On peut citer en particulier :
· Les ouragans des étés 2005-2008
qui ont montré que les désordres météorologiques pouvaient avoir des
conséquences de très grande envergure sur les plans humains et
économiques ;
- La canicule
de l’été 2003 en France et les controverses autour de son
attribution à l’effet de serre anthropique continue de faire débat;
durant les années 2004-2005 les climatologues ont multiplié les
simulations dont certaines montrent l’augmentation de la fréquence de
tels évènements climatiques en présence du forçage radiatif.
- Les ouragans et les canicules
ont illustré les difficultés que fait surgir la
notion d’adaptation (destruction massives de bâtiments et de
l’infrastructure de production, urgences médicales, stress hydrique dans
l’agriculture, refroidissement des centrales nucléaires); entre les
inondations de l’année 2002 et la canicule de 2003 les ouragans de 2005-2008,
la diversité des extrêmes climatiques met les sociétés au défi de
réagir sur des registres imprévisibles. Un nouveau débat
d’attribution a surgit cet été avec la violence des cyclones et ouragans.
- Les climatologues qui s’étaient
jusqu’en 2003 montrés d’une grande prudence, tant pour ce qui concerne
l’existence du changement climatique que pour son attribution a l’effet de serre anthropique, sortent de plus en plus
de leur réserve. Même si l’unanimité est loin d’être faite, les messages alarmistes se font plus nombreux. Le
changement pourrait être à la fois plus rapide et plus intense que
ce qui avait été anticipé jusqu’ici.
- Plusieurs articles
scientifiques ont mis en évidence que le changement climatique en cours
pourrait réduire les capacités d’absorption du CO2 par les plantes
ou provoquer des émissions liées à la dégradation des sols, deux « feedback positifs » des plus
inquiétants.
- Les autorités politiques
françaises s’accordent autour d’une division
par 4 des émissions à l’horizon 2050, pour la France,
rejoignant en cela d’autres pays européens. De tels objectifs auraient
semblés déraisonnables il y a à peine quelques années. Il s’agit d’un
enjeu technologique et économique majeur qui va exiger un effort sans
précédent de transformations des sociétés industrielles. Pour les pays en
développement, également, les émissions devront être fortement modérées si
l’on désire limiter l’augmentation du carbone atmosphérique.
- Le Protocole
de Kyoto qui semblait ne pas pouvoir se réaliser est réactivé par la ratification de la
Russie.
- Enfin, le thème de l’épuisement des ressources pétrolières (peak oil) ou, au minimum,
les conséquences négatives à long terme d’une prospection insuffisante et
la lenteur de la construction d’infrastructures pétrolières (raffineries,
conversion des fuels lourds...) annoncent la « fin du pétrole bon
marché ».
En
parallèle de ces débats au niveau mondial, il faut souligner l’émergence des
politiques publiques autour de l’émission de gaz à effet de serre, par
exemple le Plan Climat et le « Grenelle de l’Environnement »
en France et la création d’un groupe de travail au Ministère de l’Industrie sur
« le facteur 4 », les directives
européennes sur la production d’électricité renouvelable, l’efficacité
énergétique, l’usage des biocarburants…..Dans un autre registre, les
collectivités territoriales se mobilisent, par exemples les états ou les
administrations urbaines aux USA, par leur engagement s’opposent à
l’immobilisme fédéral. Les entreprises, même les entreprises
énergétiques ne restent pas toutes inactives, des consortiums d’entreprises
concernés par l’effet de serre se mettent en place en particulier dans les
secteurs du bâtiments (isolation et efficacité
énergétique), celui de la pétrochimie (biocarburants) et enfin l’engagement des
agriculteurs sur le front des biocarburants. Les enjeux dans le bâtiment et
les transports s’affirment comme des enjeux majeurs de politique publique et de
développement industriels.
La question
du Changement Climatique passe donc peu à peu du
domaine de la spéculation scientifique au domaine de l’action et
ceci sur plusieurs plans :
- Prévention et adaptation aux
évènements extrêmes, que ceux-ci soient attribués aux émissions de gaz à effet de serre
ou résultent de fluctuations climatiques « naturelles » ;
On ne peux plus dire que le réchauffement nécessitera juste de régler les
climatiseurs ou de se priver de vacances de neige !
- Mises en place de politiques
publiques aux
niveaux national et international autour du « développement
durable » particulièrement dans le domaine de l’énergie ;
l’appel aux « mesures individuelles » (éteindre l’électricité en
sortant...) est salutaire mais notoirement insuffisant. C’est tout un mode
de développement et de relation à l’énergie qui doit être repensé.
- Mises en place de politiques
d’équipement,
en particulier énergétiques, au niveau des collectivités territoriales
dans le but de limiter les atteintes environnementales ; on peut
remarquer que dans certains pays l’action des régions ou états contrastent
avec l’immobilisme de l’État Central (aux USA par exemple)
- Émergence de stratégies
d’entreprises,
tant au niveau de l’innovation technique qu’en préparation de futures
régulations sur les émissions de gaz à effet de serre. L’effet de
serre et le « Peak Oil » ne sont plus
uniquement la préoccupation
d’activistes environnementalistes, de grandes entreprises y voient une
reconversion nécessaire.